Noble Homme Charles HUREL
"Sieur de SAIRE"

Plusieurs autres membres de cette famille: Dominique Landormy dont le père était lieutenant de la maîtrise des chirurgiens de Questembert. Il épousa Jeanne Armelle Marguerite Jacquart qui était la fille de Jean joseph Jacquart, officier de santé, chirurgien médecin, qui décéda en 1799. Ils exerceront cet art de la chirurgie et ensuite de la médecine, à Ploermel jusqu'à nos jours. Gravitent aussi dans l'orbite de ce milieu de chirurgiens Jacques Rigon signalé comme chirurgien royal en 1743, qui exerça à l'hôpital de Ploermel après l'avoir été à Ruffiac, et son fils Armel Rigon chirurgien aux armées. Jacques Rigon signera dans quelques années sur le registre des baptêmes de la Haute Bouexière. Il aura une influence décisive sur le destin tragique d'un de mes ancêtres.

Perrine Catherine Hurel-Riquel devenue veuve, au moment des décisions à prendre pour l'orientation de l'avenir de son fils, tout naturellement, dirigera ses investigations vers ce milieu qu'elle connaît si bien, pour y avoir passé toute son enfance. Pour le plus grand malheur de son fils.

La première signature connue de Demoiselle Perrinne Catherine Riquel épouse Hurel date du 12 juin 1740. Elle est la marraine du fils de Maître Jan Hoéo, Sieur de la Vallière et procureur au marquisat de la Bourdonnaye. Le parrain est Pierre Marie Le Sancquer lui aussi procureur fiscal au marquisat. Le bébé est prénommé Pierre Barnabé.

Le 16 février 1742, le premier enfant du couple Charles Hurel et Perrinne Catherine Riquel va être baptisé en l'église de la Haute Bouexière. C'est une fille. Elle sera prénommée Marie Anne Cécile, Cécile en l'honneur de sa marraine Marie Cécile Corvoisier demoiselle noble de la Ville Lange. Le parrain est là aussi Pierre Marie Le Sancquer, personnage fort important puisqu'il est responsable de la fiscalité des possessions du marquis.

Suivent sept signatures.

Un an et demi se passe, mais la cloche de la Haute Bouexière reste muette. Une fille de Charles et de Catherine est ondoyée le 10 octobre 1743 par l'abbé Danilo curé de Carentoir sur permission de Monsieur l'Abbé Bondel vicaire général. Louise Gabrielle sera baptisée en grande pompe deux ans après, le 5 juillet 1745. En effet on ne compte pas moins de vingt deux signatures sur son acte de Baptême, huit signatures de la Bourdonnaye. Toute la noblesse du coin, dont la marraine Jeanne Gabrielle Heudelor marquise de la Bourdonnaye-Bouexière. Le parrain est le marquis en personne: Seigneur Louis François marquis de la Bourdonnaye baron de la Gacilly vicomte de Coetion et autres lieux, conseiller du Roy en ses conseils, maître des requêtes ordinaires de son intendance de la localité de Rouen. Trois signatures de prêtres ayant assisté à la cérémonie figurent sur l'acte: le curé Hercelin, le recteur de Réminiac, l'abbé Prado, l'abbé Jean Danilo ayant ondoyé l'enfant ne signe pas l'acte. Il semble qu'il soit décédé. On remarque bien entendu la signature de Le Sancquer, l'omniprésent procureur fiscal. La mère aussi a signé mais on ne trouve pas la griffe du père du bébé.

Par contre on trouve celle d'un P.Hurel, Pierre Hurel sans doute, un frère du régisseur venu de Normandie pour la circonstance?

La présence de tous ces assistants et «soussignans», de tous ces nobles et gens importants à ce baptême de la fille du régisseur démontre bien la position importante, les relations privilégiées qu'il entretenait avec tout ce monde aristocratique dans lequel il évoluait, et dont il faisait partie.

Cet acte de baptême de Louise Gabrielle Hurel est particulièrement important, avec l'acte de mariage du 17 août 1676 de ses grands parents Charles Hurel et Charlotte Le Dornois. Ce sont les deux pièces maîtresses de cette recherche généalogique: l'acte de mariage pour la précision dans le temps et l'acte de baptême pour la position de ses acteurs dans le monde.

Encore une fille: Marie Louise naît au château de la Haute Bouexière en 1747. Elle se mariera le 23 février 1773 avec Noble Homme Pierre Marie Broussais, fils de Noble Homme Jacques Broussais juge à Plélan le Grand. La promesse de mariage est signée solennellement en présence de son curateur Julien Morel (il signe le document en écriture ancienne qui relève de la paléographie, la seule signature de Nous Soussignans écrite en gothique) étant émancipée de justice suite au décès de son père, vu le décret de justice établi par Seguin greffier du marquisat, qui signe ainsi que Noble Maître Le GaIl avocat et procureur, lui aussi du marquisat de la Bourdonnaye, plus trois personnalités de la famille de la Bourdonnaye.

Une autre fille Marie Charlotte (Charlotte sans doute en souvenir de sa grand-mère paternelle du Mesnil Mauger) naît le 14 septembre 1750 comme les autres au château des Bouexières. Elle est baptisée le surlendemain. Elle a pour parrain Noble Homme Yves Jean Le Cloarec, homme de loi et comme marraine demoiselle Marie Baron. L'étude de sa signature pourrait nous indiquer s'il s'agit de sa grand-mère maternelle Marie Olive Baron. Marie Charlotte Hurel se mariera le 31 mai 1763 avec Maître Joseph François Caro.

Encore une fille! Née le 11 janvier 1753 toujours au château de la Bourdonnaye, ondoyée le 12 janvier 1753 par permission écrite de Monseigneur Le Gall datée du 25 octobre 1752, on la nomme Marie Perinne. Sa marraine est Françoise de la Ruée, accompagnée de Marie Anne Thébault, dame de la Ruée, une des plus influentes familles nobles de la région, dont il existe toujours des descendants à Tréal. On trouve la signature des deux femmes sur le registre des baptêmes. Son parrain est Noble Homme Pierre Hurel dont nous voyons pour la seconde fois la signature. Peut-être était-ce le fils de Pierre Hurel décédé en Normandie au Mesnil Mauger en 1716.

Il était présent à la Haute Bouexière au mois de janvier et l'était encore au mois de juillet. Peut-être travaillait-il avec son frère ou cousin.

Et comme d'habitude le procureur fiscal Le Sancquer signe aussi. Sa griffe voisine celles de Monsieur Réminiac, prêtre, ainsi que celle du doyen Boceno.

Enfin! Le garçon tellement désiré arrive au foyer de Noble Homme Charles Hurel le 30 juin 1754. C'est la joie au château et déjà des projets d'avenir se forment. Il est baptisé dès le lendemain, ayant reçu comme prénoms Charles-Marie; Charles comme son père et son grand-père, ce qui entraînera jusqu'à nos jours une regrettable confusion entre le père et le fils. Certains historiens prendront le fils pour le père, pour le régisseur de la Bourdonnaye. Curieusement peu de participants assistèrent à la cérémonie. La marraine dame Mathurine Peschart sort d'une ancienne et noble famille. Quant au parrain c'est Noble Homme Jacques Rigon le chirurgien royal de Ploermel dont nous avons déjà parlé à propos de l'environnement dans lequel gravitait Perrine Catherine la mère du nouveau né. Magdeleine Hoéo signe aussi le registre.

En 1751 le Sieur Berridel a procédé au mesurage de la paroisse de Carentoir. Elle est constituée de 48 711 arpents, soit quelques 9 442 hectares pour une population de 7 109 âmes. En tant que régisseur de l'important domaine de la Bourdonnaye situé intégralement sur cette paroisse, il est certain que Charles Hurel a coopéré avec l'arpenteur, mais il n'a pas signé le relevé cadastral. L'année suivante, que de signatures, hélas, à Carentoir pour les 191 enterrements provoqués par la mort des victimes d'une terrible épidémie de typhus ou de dysenterie. Mais aussi que de signatures plus réjouissantes avec les 104 baptêmes et les 16 mariages de cette année 1752.

Suivent quelques signatures de moindre intérêt, les 24 août, 2 novembre, le 15 décembre de l' année 1770 la famille Hurel est témoin à différentes cérémonies.
On remarque la signature de la jeune Perrine qui signe avec deux «R» et deux «N» et quelques jours après avec un seul «R». Sans doute, sous la remarque de Catherine Perrine sa mère, a-t'elle rectifié l'orthographe de son prénom. Mais ces paraphes sont d'une telle délicatesse, que personnellement je lui pardonne bien volontiers!

L'année 1772 est l'année des derniers états de Bretagne (avec 1788). Encore des «marques» sur le registre paroissial, mais dès lors, Perinne Catherine signera veuve Hurel, comme le 14 et le 23 février pour les fiançailles et le mariage de sa fille Marie Louise Hurel. Des personnalités de Plélan le Grand inconnues jusqu'alors signent sur l'acte: Noble Homme Pierre Marie Broussais de la Vigne, et son fils Jacques le marié, Noble Homme Vital etc ... Sur cet acte Catherine Perinne reprend son nom de jeune fille Riquel qu'elle accole avec son nom de femme mariée. Charles Marie Hurel, le frère de la mariée, signe aussi. On remarque également les inévitables paraphes de Seguin greffier, de Noble Maître Le Gall avocat et procureur du marquisat de la Bourdonnaye.

1772 c'est aussi l'année de la signature d'un curieux ouvrage d'un certain Gilibert qui glose sur «l'anarchie médicinale ou la Médecine considérée comme nuisible à la Société». Il en concocte deux volumes, mais son biographe ne nous dit pas s'il n'en est pas tombé malade!

1774-1775-1776: encore des témoignages qui ont laissé des signatures. Il faut attendre le quinze novembre 1777 pour relever celle plus intéressante de Charles Marie Hurel qui est le parrain de Charles Mathurin Malo de Quéhéon fils de Messire Clément Jacques de Quéhéon et d'Ursulle de Bellouan dame de Quéhéon. La marraine est Agathe Catherine Mathurine Le Chauff dame de Quéhéon.

Pour être choisi comme parrain Charles Marie Hurel est encore bien vu de la noblesse. Il a vingt trois ans. Il faut remarquer que bien plus tard malgré ses attaches républicaines il tiendra toujours à son titre de Noble Homme.

22 mai 1769: la maison de Saire est toute endeuillée. Demoiselle Marie Olive Baron épouse Riquel vient de trépasser au domicile de son gendre et de sa fille dans sa quatre-vingt-troisième année. Elle sera inhumée le lendemain dans le cimetière de la Haute Bouexière. A l'enterrement Jean Marie de la Bourdonnaye était présent, ce qui montre une fois de plus l'attachement de cette famille aux HUREL. Il a signé le registre ainsi que deux ou trois prêtres dont Monsieur Menace curé de Monteneuf et François Barre curé de Réminiac.

8 Juin 1769: Perrine Catherine baptise un enfant «anonyme» qui meurt de suite et est enterré le lendemain. Le prêtre Pierre Martin desservant l'église trêviale le consigne sur le registre des baptêmes.

25 septembre 1769: première signature de Charles Marie Hurel comme témoin à un mariage. Elle figure a côté de celle de son père. Il n'est âgé que de quinze ans. Il ne maîtrise pas très bien la plume d'oie. Il est à souhaiter pour lui qu'il maniera mieux la lancette du chirurgien!

31 janvier 1770: Charles HUREL est témoin au baptême de Joseph Marie Alexandre Houeix. Il signe «Sieur Hurel Fabrique», indication précieuse qui permet de savoir qu'il y avait des marguilliers dans cette église trêviale de la Haute Bouexière, et qu'il faisait partie de ce conseil.

11 Juillet 1770... Le glas scande son macabre message sur les Hautes Bouexières. Le Noble Homme Charles Hurel, l'homme de confiance de Monsieur le Marquis de la Bourdonnaye vient de trépasser en sa maison de Saire, âgé de soixante dix ans, cinq mois et vingt jours, précisions qui permettent de situer sa date de naissance en janvier 1700. Orphelin de son père a l'âge de cinq ans, il meurt muni des sacrements, entouré de l'affection des siens, du respect unanime, de la considération générale. Plusieurs membres du clergé se déplacent pour les obsèques et signent le registre.

La noblesse aussi, représentée par Monsieur le Chevalier de la Bourdonnaye et messieurs de Tourtal aîné et cadet qui mettent leur paraphe sur le registre trêvial.

Perrine Catherine Hurel-Riquel se retrouve veuve. Elle doit faire face aux difficultés du moment en particulier à cette famine qui sévit depuis quelques mois. Elle doit s'occuper de l'établissement de ses cinq filles, qui toutes font bloc autour d'elle, l'entourent de leur plus profonde affection.

Le gros problème reste l'avenir de son fils Charles Marie, âgé de seize ans.

Perrine Catherine Hurel-Riquel tout naturellement pense l'orienter vers la chirurgie. En effet elle a conservé de nombreuses relations dans ce milieu qu'elle connaît si bien, ce milieu si fermé, aux formalités si tatillonnes en cette fin du 18ème siècle.

Signatures de Marie-Louise, Perrine-Catherine, Marie-Perrine.

Elle peut compter sur Jacques Rigon chirurgien royal à Ploermel, ancien chirurgien de la marine qui n'est autre que le parrain de Charles Marie, et qui très certainement n'hésitera pas un seul instant à prendre son filleul comme apprenti. Il est affilié à la loge maçonnique «Parfaite Union» de Rennes et le 9 février 1776, elle l'autorise à fonder à Ploermel sa propre loge, sous l'attache de ses constitutions et avec le concours des maçons de son Orient. Cette loge fit rapidement de bonnes et solides recrues, elle prit le même nom de «Parfaite Union». Tuault de la Bouverie et Perret de Tregadoret de la sénéchaussée de Ploermel en firent partie.

C'est donc décidé il sera chirurgien. Où Charles Marie a-t-il poursuivi ses études une fois terminé son apprentissage indispensable de deux années pour les fils de chirurgiens, quatre ans pour les autres?

Etant en possession de deux médailles du collège des chirurgiens de Rouen, on serait en droit de penser que grâce à l'intervention du marquis de la Bourdonnaye intendant de cette ville (qui s'est occupé des règlements de cette corporation), Charles Marie aurait poursuivi sa formation dans cette localité (Malgré de patientes recherches aux archives départementales de la cité normande son nom ne figure pas sur les listes des étudiants en chirurgie de cette époque qui ont été conservées).

Cette corporation était régie par un édit de Louis XIV du 22 février 1692, créant des médecins conseillers du Roy et des chirurgiens jurés faisant partie de la communauté des chirurgiens barbiers. Mais il y avait une concurrence féroce entre chirurgiens-perruquiers et chirurgiens-barbiers. En outre on imposait aux perruquiers la condition expresse d'inscrire en grosses lettres sur leur enseigne «BARBIER, PERRUQUIER, BAIGNEUR, ETUVISTE. Céans on fait le poil et on tient bains et estuves».

Mais le métier était certainement juteux et les chirurgiens appliquaient des tarifs confortables dont on peut se faire une idée en étudiant la note que reçut ce pauvre Monsieur de Langourla de son chirurgien en octobre 1762 pour un fâcheux coup d'épée traversant d'estoc la poitrine et l'estomac:

«j'ay appliqué les compresses imbues avec le baume du commandeur faict une imbrocation sur le ventre moyen inférieur avec le baume d'hypcérion et l'eau vulnéraire, et une compresse aussi imbibée par dessus, j'ay appliqué un appareille convenable avec une bande pour contenir l'appareille
Pour le tout 10 livres
Plus je luy ai donné un lavement laxatif 1 livre 4 sols
Plus un lavement réitéré 2 heures après 1 livre 4 sols
Plus 4 saignées de 2 heures en 2 heures 2 livres
Plus deux prises de quintessence vulnéraire
pour réparer ses esprits et forces 2 livres
Pansement seconde embrocation ... remède
comme ci-dessus sur les six heures du soir 5 livres
Plus dans la nuict 2 saignées 2 livres»

Rien d'étonnant à ce que la chirurgie n'ait pas eu tellement bonne presse:«BARBITONSORES CHIRURGI... fille maudite, déshéritée de la science durant de longs siècles. Malgré ses supplications l'Eglise en avait horreur et défendait à ses clercs de s'adonner à cet art qui faisait couler le sang humain».

Le grand Ambroise Paré fit ses débuts à Vitré chez un chirurgien barbier. La fête des médecins et barbiers était la Saint Côme et Damien, mais les médecins S'abstenaient d'aller au banquet où se retrouvaient les chirurgiens barbiers. Seuls les médecins pouvaient prescrire des saignées, mais ils ne pouvaient faire couler le sang, d'où l'utilisation des chirurgiens qui exécutaient les prescriptions. Certains empiriques exerçaient officiellement sur les places publiques.

Il y avait plusieurs sortes de saignées: la saignée évacuative servant à ôter le sang superflu des veines, la saignée spoliative: en plus du sang ôter quelques unes des humeurs qui y circulent, la saignée dérivative qui attire dans les parties auxquelles on l'a faite une plus grande quantité de sang qu'il ne s'y portait dans l'état naturel et la saignée révulsive qui détourne les liqueurs de leur route ordinaire.

Il y avait également «les chirurgiens du danger» qui soignaient les pestiférés et les victimes, «les pauvres malades» des si fréquentes et si terribles épidémies.

L'article IX du nouvel édit de 1762 permit aux chirurgiens d'accéder au rang de bourgeois s'ils cessaient la pratique de la «barberie».

Comme de nos jours, on ne comptait plus le nombre incroyable de charlatans de tout poil, et dans tous les milieux: la mère du surintendant Fouquet préconisait d'étranges remèdes. Amie de la charmante dame de Sevigné, celle-ci raconte les larmes aux yeux que l'emplâtre de Madame Fouquet a guéri la Reyne. Voici quelques une de ses recettes qui faisaient merveilles:

«pour faire tomber les dents: ayez un lézard verd mettés le dans un pot et le faites sécher dans un jour, réduisés-le en poudre frottés de cette poudre la gencive de la dent; et vous la tirerés sans peine avec le doigt. Pour faire venir les dents d'un enfant sans douleur, prenez la tête d'un lièvre roti. Ôtez-en la cervelle que vous mêlez avec miel et beurre, oignez les gencîves. Pour la gangrène: Prenez des vers de terre, lavez-les et broyez dans du vinaigre. Faites-en un cataplasme Pour guéri r les nerfs retirés on se servira de l'hedera terrestris, qu'on doit cueillir la veille de la Saint Jean avant que le soleil soit levé. Mais pour la dureté d'oreille l'urine de chat distillée fera merveille!»

Les toutes dernières années du 18ème siècle ainsi que les toutes premières du 19ème ne se sont pas signalées par des conditions climatiques très rigoureuses. Rien à voir avec l'hiver exceptionnellement froid de 1788/89, où le pain fut si rare et de bien mauvaise qualité. L'hiver qui faisait suite au désastre des grains dû aux 400 000 tonnes de grêlons tombées le 13 juillet précèdent sur la France entière. 1039 villages du Nord de la France furent touchés, le tout précédé d'un afflux d'air chaud considérable venu du Sahara. La Bretagne ne fut pas épargnée. On avait encore en mémoire l'extraordinaire sécheresse de 1785 qui dura près de 7 mois depuis le 6 janvier jusqu'au 20 août.


«il ne tomba presque pas de pluie aussi il n'y eut presque point de moisson, le seigle valait 6 francs et le bled noir 5 livres 10 sols, le cidre qui ne valait que 4 LT la barrique au commencement de l'année en valait 30 sur la fin»

On ne signale pas non plus de ces terribles épidémies qui firent tant de victimes. Rien à voir avec la peste noire de 1348/49 qui ravagea tout l'occident et dont en Bretagne on parlait encore avec effroi durant les longues veillées au coin du feu tout en se signant et en se mettant sous la protection des nombreux Saints «anti-pesteux», quatre vingt rien que pour la Bretagne, entre autres Saint Jean Discalceat dont on peut voir encore de nos jours le chef dans la cathédrale de Quimper:

«... il se dépensa sans compter pendant le sac de Quimper par les soudards de Charles de Blois, s'efforçant de protéger les femmes, les enfants, les filles contre la furie meurtrière des vainqueurs. Mais c'est surtout lors de l'épidémie de peste de 1349, épidémie qu'il avait personnellement prédite qu'il déploya son zèle charitable, au point de contracter la terrible maladie et d'en périr. Aussi appelé en Breton: Jean sans sabot «Yan Divotou» et aussi le petit Saint noir «Santik du»».

 

Les plus anciens avaient connu la grande épidémie de typhus de Brest de 1757/58 qui s'était étendue jusque dans la Bretagne centrale. En 1777 les épidémies de typhus «fièvre putride du plus mauvais effet, maligne, contagieuse, pestilentielle» avec celles de dysenterie ne vont pas tarder à prendre leur revanche avec les hécatombes de 1778, 1779, 1780.

En 1778 à Carentoir le cimetière se trouva trop petit, avec ses 167 morts à ensevelir, autant qu'en 1749. On songea à l'agrandir, mais on se contenta d'abattre quelques pommiers et de le nettoyer.

Considéré comme victime de l'épidémie le dénommé Labart fut prestement conduit au cimetière. Au moment où les porteurs enjambaient la passée le faux mort se réveilla soudain et lâcha un gros «pet» avant de pouvoir rentrer chez lui!

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