Certains
instruments, trop bruyants par eux-mêmes ou placés dans un
environnement très sonores sont impossibles à numériser.
Cela semblait bien être le cas de l’orgue du petit temple
genevois des Eaux-Vives, construit par le facteur Gerhard
Grenzing en 2001, un des instruments contemporains
les plus intéressants de la Suisse Romande. Un de ses utilisateurs souhaitant vivement pouvoir en jouer chez lui, a toutefois entrepris de l’enregistrer lui-même, avec des instructions précises et détaillées et en faisant appel à un équipement de pointe. Après des essais qui paraissaient concluants, il en a fait la prise de sons. Cet enregistrement, bien que techniquement irréprochable, s’est avéré inexploitable tant le bruit de la circulation était fort, à toute heure et même au milieu de la nuit. Il faut dire que le temple des Eaux-Vives donne sur un des axes principaux de Genève, très fréquenté et précisément à l’endroit où tous les véhicules rétrogradent pour aborder la descente menant au pont sur le Rhône. Les fichiers seraient donc probablement restés sur un coin de son disque dur si Augustine Takáts (Augustine's Virtual Organ, dont nous avions sollicité l'aide et les conseils, ne nous avait proposé de tenter de relever le défi. Il l’a fait avec maestria. Au prix d’un dé-bruitage certes assez drastique des jeux les plus doux, mais qui reste discret et efficace, en concentrant ses efforts sur une version stéréo presque sèche issue des échantillons enregistrés à proximité du buffet, le travail d’horloger suisse mené par lui a été payant. Il nous a en effet construit une remarquable banque de sons, qui s'avêre être très proche à l’écoute de l’instrument original: précise, claire, aussi agréable à jouer qu’à entendre. Une version à 4 canaux, un peu plus réverbérante, avec dosage des voies avant et arrière a ensuite été faite à partir de la version sèche, avec une grande habileté et beaucoup de naturel. Il s’agit d’un instrument néo-baroque allemand de 26 jeux (13 au G.O. 8 au Positif avec un beau tremblant et 5 au pédalier). On y trouve de jolies flûtes, des principaux chantants, des mixtures sonores, des jeux d’anches puissants et un splendide cornet. Les jeux tremblants du positif, intégralement enregistrés, sont parfaitement restitués. Une particularité de l’instrument est d’avoir, à la mode espagnole, un clavier pouvant être coupé avec choix de l’emplacement de la coupure entre deux notes. Cette disposition a été scrupuleusement respectée par Augustine. La traction mécanique est précise, les attaques bien franches La très petite taille et les matériaux de l’église limitant la réverbération naturelle, cette banque de sons relativement sèche correspond parfaitement à ce qu’on entend de l’instrument réel et convient particulièrement bien à l'étude ou à l'utilisation dans un lieu naturellement plus réverbérant. C'est en raison de cette acoustique très précise que le Conservatoire de Genève à choisi l'église pour y faire passer des examens. On y donne également de nombreux concerts. |
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